Disposer d’eau est une nécessité proprement vitale pour l’être humain ; sans elle, impossible d’assouvir ces besoins fondamentaux que sont l’hydratation, la préparation des repas, l’entretien de l’hygiène du corps et l’utilisation des sanitaires, entre autres. Au-delà de sa nécessité intrinsèque, l’eau permet le bon exercice de deux droits unanimement reconnus : la santé et le logement. Son importance, en tout cas, est attestée depuis la nuit des temps. Aujourd’hui pourtant, et malgré les progrès de la technique et l’élévation parallèle du niveau de vie moyen, trop de ménages se trouvent en état de « précarité hydrique », c’est-à-dire qu’ils n’ont pas accès à une quantité d’eau suffisante et/ou à une eau de qualité suffisante ; ce, même dans un État industrialisé et social comme la Belgique. L’inadéquation entre la faiblesse des revenus et la hauteur de la facture d’eau en est, chez nous, la cause principale ; il s’ensuit des défauts de paiement et, le cas échéant, des coupures d’eau, encore monnaie courante de nos jours5. Interpelant, ce constat ne peut que conduire à s’interroger sur l’existence en 2021 d’un droit à l’eau (qu’il ne faut pas confondre avec le droit de l’eau). On commencera à cet effet par examiner la consécration d’un tel droit dans les textes de loi, avant de dégager les facteurs explicatifs de la précarité hydrique. La question spécifique de l’interruption de la fourniture d’eau suivra, avant que les dimensions environnementales et de santé du droit de l’eau referment notre propos.
Par Nicolas Bernard, professeur à l’Université Saint-Louis — Bruxelles